Au Bénin, les images d’un avion de surveillance et de reconnaissance offert aux forces armées par l’Union européenne suscitent l’indignation de certains internautes et d’acteurs politiques qui estiment que l’appareil est vétuste et inapte à accomplir sa mission dans les opérations de lutte contre le terrorisme. Contrairement à ce que son apparence peut laisser penser, il y a de bonnes raisons pour croire aux capacités de l’appareil équipé remis à l’armée béninoise.
“C'est pas cet avion on voit dans les films de comédie dans les années 60?” (sic). “Pendant qu'eux ils utilisent des drones, ils nous offrent un avion vétuste de reconnaissance . Nous apprécions la charité mais ils peuvent faire mieux” (Sic).” Ce sont là, deux réactions d’indignation parmi des centaines qui foisonnent sous des publications annonçant la remise d’un avion de surveillance et de reconnaissance aux forces armées du Bénin.
Des leaders d’opinion comme Kèmi Séba qui se proclame anti-impérialisme occidental et Guy Dossou Mitokpè, Secrétaire à la communication de “Les Démocrates”, principal parti politique d’opposition au Bénin ont aussi exprimé leur indignation. “BÉNIN: L'UNION EUROPEENNEVIENT D'OFFRIR UN AVION DE FERME POUR DISTRIBUER GRAINES À LA VOLAILLEAVANT L'ABATTOIR. ELLE DIT QUE C'EST POUR LA LUTTE”, a écrit Kemi Seba dont la publication sur Facebook a enregistré 760 partages et plus de 1800 commentaires.
Guy Mitokpè Dossou a fait d’une pierre deux coups en formulant un paradoxe. “Ils refusent à nos parents d'utiliser des véhicules branlant pour nourrir leurs familles mais ce sont eux qui acceptent le don d'un avion branlant datant de 1982. Ko don de l'UE, vous n'avez pas honte ?”, critique l’opposant.
En raison de la multitude des réactions d’indignation, Badona s’est intéressé aux aptitudes de l’appareil et a découvert qu’il n’y a pas de quoi chercher midi à quatorze heures.
- Un appareil rodé et équipé
L'aéronef, désormais propriété de l’armée béninoise, est loin d’être un distributeur de graines à la volaille comme s’en moque Kèmi Séba. Dans un compte-rendu de la cérémonie de remise, La Nation, le quotidien de service public apprend que l'appareil offert au Bénin est de "type Cessna 208 B Caravan".
Développé par l’avionneur américain Cessna basé dans la ville de Wichita au Kansas en 1986, la Cessna 208B Caravan encore appelée Grand Caravan 208B est une variante de la Cessna Caravan 208 dont le premier vol du prototype a été effectué le 9 décembre 1982. Selon les données consultées sur le site du constructeur américain, la livraison du premier Grand Caravan 208B de série a eu lieu en 1990. Cessna, aujourd’hui filiale de Textron Aviation, a atteint la 1 000e livraison de ce prototype en 2002. Une source des forces armées béninoises apprend que l'appareil reçu date de 2001. Il est donc erroné d’affirmer comme le fait Guy Mitokpè, que l’appareil remis à l’armée béninoise date de 1982.
Selon un officier expérimenté qui a requis l’anonymat, pour certaines opérations militaires, un équipement ancien est souvent meilleur qu’un équipement neuf, car il a fait ses preuves. Pour ce qui est de la vie d’un engin, aussi neuf qu’il peut-être, fait savoir notre officier, lorsqu’il est livré par le constructeur, il fait toujours plusieurs aller-retour à l’usine pour corriger les défauts. En exemple, cite-t-il, “le fameux char Leclerc a été livré en 1990, mais a dû repasser plus de 6 fois chez l’industriel pour être fiable (ce qu’il est maintenant). Le F35 US est tout neuf, horriblement cher et plein de défauts ! Les AK47, les MIT 50 Browning sont « vieilles » mais sûres !”.
Dans le cas du CESSNA, explique cet officier expérimenté, “c’est la même logique : cet appareil est utilisé depuis longtemps” et ce qui vient d’être remis à l’armée béninoise “n’est pas la 1e version, il a été amélioré”.
- Apte pour une mission d’ISR
Il ne faut surtout pas tomber dans le piège de l’amalgame. L’appareil n’est pas dédié à une mission de combat. Il est assigné à une mission d’intelligence de surveillance et de reconnaissance (ISR). “ Cet avion permettra aux forces armées béninoises de surveiller les zones du nord du pays, de fournir une meilleure connaissance de la situation pour agir contre les terroristes et de mieux protéger la population.”, a déclaré l'Ambassadeur de l'UE au Bénin, Stéphane Mund à la cérémonie de remise le 6 mars 2025 à l’aéroport de Cadjèhoun.
Le turbopropulseur a subi des travaux d’adaptation et de modernisation pour assurer la mission d’ISR. L’appareil est équipé de capteurs IMINT & SIGINT et d’un logiciel Avantix « FlashHawk ».
Selon l’équipementier Avantix, “adaptable à diverses plateformes telles que drone, hélicoptère, avion, FlashHawk est un système intégré de charges utiles collaboratives avec les capteurs les plus compacts du marché.” Sur son site, le fournisseur explique qu’il a développé FlashHawk pour répondre au besoin de la recherche de direction et la connaissance rapide de la situation “dans un environnement en constante évolution, avec une utilisation croissante des communications mobiles et une augmentation des menaces terroristes”.
Ses solutions de bout en bout avec des technologies collaboratives SIGINT et IMINT (capteurs OE/IR) combinées à un réseau matériel électronique intégré assure Avantix, garantissent “l'optimisation du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance et des renseignements exploitables.”
Également visible sur les images qui font le tour des réseaux sociaux, l’appareil est équipé de “boules optroniques” capables de renseigner (images, ondes…). “C’est ce matériel de pointe qui fait tout l’intérêt de l’appareil, mais le grand public ne peut pas comprendre”, a fait remarquer l’officier qui s’est prêté aux questions de Badona.
Une autre source militaire des Forces armées béninoise assure que cet appareil leur sera utile pour acquérir du renseignement. Il souligne que la Cessna offert par l'Union européenne a les capacités pour voler à une altitude hors de portée où il ne pourra pas être abattu.
En dehors de son intervention dans la lutte contre le terrorisme, l’appareil pourrait également servir pour des opérations de surveillance des côtes maritimes béninoises.
- La Cessna fait ses preuves ailleurs avant Bénin
Le Bénin ne sera pas le premier pays a disposé d’un tel vecteur aérien. En septembre 2023, Les Etats-Unis ont remis à l'armée de l'air philippine (PAF) un Cessna-208B Grand Caravan pour le renseignement, la surveillance et la reconnaissance (ISR).
Au sujet de cet avion, rapporte le site d’information du gouvernement philippin, le chef des Forces armées des Philippines (AFP), le général Romeo Brawner Jr a indiqué qu’il améliorerait considérablement les capacités de l'armée à sécuriser les vastes territoires maritimes du pays.« Cet avion renforcera notre capacité à patrouiller nos mers maritimes, (il nous aidera) à renforcer notre capacité à garantir la sécurité de notre territoire et de nos droits souverains », a-t-il déclaré à la réception de l'avion C-208B à la base aérienne de Clark, Mabalacat, Pampanga.
“L'avion C-208 sera utilisé pour soutenir les opérations de sécurité intérieure, la défense territoriale, l'aide humanitaire et la réponse aux catastrophes, en particulier pour mener une évaluation rapide des dommages et une analyse des besoins en cas de calamités et de catastrophes”, ont également précisé les autorités des Philippines en appréciant les capacités de l’appareil.
Dans un numéro de ses cahiers publié en 2012, l’Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire (IRSEM) apprend que les Etats-Unis ont fourni le Cessna 208B au Mexique dans la lutte contre le narcotrafic.
Au Cameroun où la lutte contre l’organisation terroriste Boko Haram a connu du succès, l’armée a eu recours à cet appareil dans ses opérations de surveillances. « “Les BIR, une unité d'élite des FDC placée sous l'autorité directe de la présidence camerounaise, ont été les premiers à introduire des capacités ISR aéroportées de pointe sur le terrain, avec un certain nombre de drones et un seul avion Cessna 208B Grand Caravan EX configuré pour la surveillance et connu localement sous le nom de “Phoenix” », apprend le site spécialisé Times aerospace. L’appareil livré au Cameroun en octobre 2015 a été affecté à l'Escadrille d'observation et de liaison, basée à l'aéroport de Maroua-Salak, dans la région de l'Extrême-Nord.
En dehors du Cameroun, depuis 2014, apprend Ouest-France dans sa rubrique Lignes de défense, Africom finance la transformation de Cessna 208B pour les missions d’ISR au profit des armées de plusieurs autres pays dont le Kenya, la Mauritanie, le Nigéria, le Niger. Ceci, dans le cadre d’un programme d’assistance aux armées étrangères en matière de lutte antiterroriste et d’opérations de stabilisation auxquelles les forces armées US sont associées.
Le choix des Cessna pour leur conversion en avion d’utilité militaire s’est aussi basé sur les qualités de l’appareil. Le Cessna jouit d’une réputation de “robustesse, de polyvalence et de flexibilité”. Le fabriquant apprend que “grâce à son puissant turbopropulseur, l'avion Caravan® offre une combinaison rare de hautes performances, de faibles coûts d'exploitation et de capacité d'adaptation à une grande variété de missions.” Ce que confirme l’officier expérimenté contacté par Badona. “Ce type d’appareil est très apprécié et utilisé par toutes les armées.”, dit-il.
En faisant un comparatif avec un avion de chasse, éclaire notre source militaire, la Cessna est de “coût vraiment moindre (à l’achat, à l’entretien, à la réparation et à l’emploi) ; la maintenance simplifiée (rapide et « peu » technique). L’appareil poursuit-il, est d’une maniabilité remarquable (il peut décoller et atterrir à peu près n’importe où !) ; il offre une discrétion sonore et visuelle ! (on ne sait pas si c’est un avion civil ou militaire). De même, a-t-il fini, ce type d’avion est dédié au renseignement, mais peut aussi faire du transport, de l’évacuation sanitaire si besoin.
Greenwood Aerospace un organisme américain certifiée AS9120B en matière d'approvisionnement public, de contrats de défense et militaires pour les pièces et le soutien aéronautiques s’est intéressé à l’évolution des avions Cessna sur les missions d’opération. “Le C-208 Caravan a été initialement développé pour répondre à la demande d'un avion fiable et rentable capable de remplir diverses fonctions, principalement sur les marchés du transport régional et du fret. Il était réputé pour ses capacités exceptionnelles de décollage et d'atterrissage courts (STOL), ce qui le rendait adapté aux opérations sur des pistes d'atterrissage éloignées et non préparées.” fait savoir cet organisme fort de quarante années d’expertise.
CRIET : faux! Mario Mètonou n’a pas cédé sa place de procureur spécial
SESSOU COOVI PASCAL
Il me semble que les vrais ennemis du peuple béninois aujourd'hui sont ces gens avides de pouvoir qui cherche à noircir tout sur leur chemin afin d'intrumentaliser le peuple à leur guise. Les vrais terroristes ne sont pas ailleurs, suivez bien mon regard, ils sont là avec nous, sous nos regards et sont heureux quand le peuple souffre puisqu'ils en tirent profit. Behanzin, Bio Guerra, Akaba et les mânes de nos enceintes les mettront à nu en plein jour.