Plusieurs publications font croire que depuis le dimanche 7 juillet 2024, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a instauré l’obligation de visa pour les ressortissants des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). D’après les vérifications de Badona, la CEDEAO n’a pas encore pris une décision d’imposition de visa aux ressortissants des pays de l’AES. La rumeur devenue virale est inspirée d’un discours de Dr Omar Alieu Touray, président de la commission de la CEDEAO qui a exposé les conséquences possibles d’un retrait définitif du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

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‘’Visa obligatoire pour les ressortissants du Mali, du Burkina et du Niger voyageant dans la CEDEAO. La CEDEAO instaure l'obligation de visa pour les citoyens des pays du Sahel qui ont quitté l'organisation’’, alerte une publication de la page “Hommes politiques” sur Facebook. D’après la page qui se présente comme une société de médias et d’actualités, la décision fait ‘’suite au retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en janvier 2024’’. 

 

‘’Cette nouvelle disposition a été annoncée par le Président de la Commission de la CEDEAO’’, mentionne la publication. Le post compte à la date du lundi 8 juillet 2024, plus de 600 mentions ‘’J’aime’’, 350 commentaires et a été partagé par plus de 115 internautes. Le texte a été relayé par plusieurs pages Facebook (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, et 9). Sur le réseau social X (ex-Twitter), la même publication partagée par le compte Descendants de Thomas Sankara a touché plus de 50 000 internautes et plus de 40 fois. 

Contactée le 12 juillet 2024 via e-mail par Badona, la page Facebook Hommes politiques s'est gardé de répondre à notre message. 

 

 

La rumeur d’imposition de visa de la CEDEAO aux pays de l’AES notamment le Burkina Faso, le Niger et le Mali apparaît sur les réseaux sociaux au moment où  la Conférence des Chefs d’État et de gouvernements de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu sa soixante-cinquième (65ème) Session ordinaire le 7 juillet 2024 à Abuja, en République Fédérale du Nigéria.

 

La veille, samedi 6 juillet 2024, s’est tenu, à Niamey, le premier sommet des chefs d’État de l'Alliance des États du Sahel (AES). Ce regroupement est composé du Mali, du Burkina Faso et du Niger, trois pays dirigés par des militaires putschistes qui sont entrés en dissidence avec la CEDEAO après des sanctions qui leur ont été imposées en lien avec les coups d’Etat successifs. À cette rencontre de Niamey en République du Niger, indique le communiqué final de la rencontre consulté par Badona, “Les Chefs d'Etat, se sont félicités pour leur retrait irrévocable et sans délai, de la CEDEAO.” Aussi, ont-ils adopté le traité instituant une Confédération entre le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger dénommée Confédération « Alliance des États du Sahel », en abrégé Confédération AES.




Pas une décision mais une éventualité 

 

Badona s’est penché sur la rumeur dans sa démarche de vérification. La rédaction a consulté le rapport final de la 65e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernements de la CEDEAO. Aucune décision du rapport ne fait mention  d’une imposition de visa aux ressortissants des pays membres de l’AES. 



Les différentes publications au sujet de la rumeur d’une décision d’obligation de visa aux ressortissants des pays de l’AES dans l’espace CEDEAO attribuent l’annonce à Dr Omar Alieu Touray, président de la commission de la CEDEAO. Badona retrouvé l’intégralité de cette déclaration, il s’agit d’un extrait de son discours à l’ouverture du sommet d'Abuja (voir ici). 

 

On peut aisément constater que la déclaration de Dr Omar Alieu Touray, président de la commission de la CEDEAO a été tronquée et sortie de son contexte. Son propos a consisté à avertir l’opinion publique sur les probables conséquences et impacts du retrait du Burkina, du Niger et du Mali  de la CEDEAO sur la vie de leurs populations dans la sous-région. 

 

‘’Ce retrait affectera les conditions de voyage et d’immigration des citoyens de ces trois pays, car ils auront désormais à mener des démarches en vue de l’obtention d’un visa avant de voyager dans la sous-région’’, a déclaré Dr Omar Alieu Touray. Le président de la commission de la CEDEAO informait que ‘’les citoyens de ces pays pourraient ne plus être en mesure de résider ou de créer librement des entreprises dans le cadre des facilités mises en place par la CEDEAO et pourraient être soumis à diverses lois nationales’’. Aussi, a-t-il ajouté, ‘’ces trois pays vont devoir cesser d’utiliser le passeport de la CEDEAO, la carte d’identité biométrique de la CEDEAO, de l’assurance automobile carte brune de la CEDEAO à l’échelle régionale’’. 

Dr Omar Alieu Touray a, dans son discours, plaidé en faveur de la consolidation de l'intégration régionale.

 

Contacté par Badona, Joël Ahofodji, chef division, chargé principal du programme communication et information de la CEDEAO dément la rumeur d’une supposée imposition de visa aux ressortissants de l’AES. ‘’C’est une fausse information. La CEDEAO n’a jamais pris une telle décision’’, a-t-il répondu à nos préoccupations de vérification. Joël Ahofodji nous invite à faire foi à la déclaration de Dr Omar Alieu Touray, le président de la commission de la CEDEAO à l’ouverture de la 65e session ordinaire (voir ici). 

 

AES 

 

Le 16 septembre 2023, l’Alliance des États du Sahel a été créée à travers la signature par les présidents du Mali, le Colonel Assimi Goïta, du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré et du Niger, le Général Abdourahamane Tiani de la « Charte du Liptako-Gourma ». L’objectif annoncé est d’assurer la défense mutuelle des États membres en cas d’agression. L’alliance a été créée alors que la CEDEAO menaçait d’intervenir militairement au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel après le coup d’État du 26 juillet 2023 contre le président Mohamed Bazoum. Le Colonel Assimi Goïta, le Capitaine Ibrahim Traoré et le Général Abdourahamane Tiani ont annoncé le retrait de leurs pays de la CEDEAO le 28 janvier 2024.

 

Verdict 

 

Contrairement à la rumeur sur les réseaux sociaux, la CEDEAO n’a pas imposé l’obligation de visa aux citoyens des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Du moins, pas pour le moment. Le sujet a été évoqué par Dr Omar Alieu Touray, président de la commission de la CEDEAO comme l’une des conséquences éventuelles qui découleraient du départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l'institution sous-régionale. C’était lors de son discours à la 65e session ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO. 

Le service de communication de la CEDEAO dément formellement l’existence d’une telle décision à la date du 10 juillet 2024.

 

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