Sur Facebook, une publication de la page Visionnaire Magazine II devenue virale prétend que la Chine a créé le tout premier soleil artificiel au monde. Il s’agit plutôt d’un réacteur à fusion nucléaire surnommé le « soleil de la Chine ».

‘’INCROYABLE : La Chine a créé le tout premier soleil artificiel au monde. Ce soleil artificiel peut éclairer tout le pays, transformant la nuit en jour. Il a déjà été testé deux fois et a parfaitement fonctionné. Le soleil artificiel se couche au crépuscule et disparaît au lever du soleil’’. La publication émane de Visionnaire Magazine, une page Facebook dotée de 32 000 abonnés. Selon la page, ‘’avec ce soleil artificiel, la Chine prévoit d'améliorer sa force de travail, puisque les heures de travail en Chine passeront désormais de 13 heures à 24 heures’’.
La publication a enregistré plus de 10 000 mentions ‘’J’aime’’, plus de 1 500 commentaires et plus de 900 partages à la date du vendredi 18 avril 2025. Le même texte également visible sur des comptes de particuliers et pages a suscité d’énormes réactions des internautes (1, 2, 3 et 4).
Cette publication tendant à louer les prouesses technologiques chinoises surviennent alors que les Etats-Unis et la Chine sont dans une guerre commerciale relancée par l'annonce d'imposition de fortes taxes douanières sur les exportations de produits chinois à destination de Washington. En réponse aux annoncent d'impositions américaines qui menacent d'affecter les industries chinoises, de nombreuses vidéos provenant de la Chine, tournées en anglais et abondamment relayées sur les réseaux sociaux mettent en causes les grandes enseignes mondiales du luxe et les accusent de vendre à prix d'or des produits en réalité fabriqués en Chine.
Surnom d’un réacteur à fusion nucléaire
Des recherches effectuées sur internet nous permettent de retrouver un article intitulé ‘’Le soleil artificiel de la Chine bat un nouveau record du monde’’ sur Numerama. Le site web d'actualité sur l'informatique et le numérique apprend que le « soleil de la Chine » est le surnom de l’Experimental Advanced Superconducting Tokamak (EAST), un réacteur situé dans l’est de la Chine, à l’Institut des sciences physiques d’Hefei ou Académie chinoise des sciences, dans la province d’Anhui.
‘’Ce réacteur permet de chauffer un gaz hydrogène ionisé (appelé plasma) à la température de 50 millions de Kelvin, l’équivalent de 50 millions degrés Celsius’’, détaille le média spécialisé. L’objectif de l’Académie chinoise des sciences est ‘’de créer une fusion nucléaire comme le soleil, fournissant à l’humanité une source d’énergie propre et sans fin, et permettant l’exploration spatiale au-delà du système solaire’’.
‘’L’EAST chinois est un « Tokamak », c’est-à-dire une machine visant à confiner du plasma afin de produire de l’énergie à partir de la fusion nucléaire. Concrètement, du gaz est injecté dans une chambre à vide en forme de donut avant d’être chauffé à une température supérieure à 100 millions de degrés Celsius. ''Le plasma ainsi formé est alors maintenu à l’écart des parois à l’aide d’électro-aimants. Poussé à de telles températures et pressions, le réacteur augmente alors les probabilités de provoquer une fusion entre deux atomes’’, explique le média Usine nouvelle dans un article du 30 janvier 2025.
Le 20 janvier 2025, l’Académie chinoise des sciences a informé que les scientifiques ont établi un record pour la Chine en maintenant le réacteur stable pendant plus de 1 066 secondes, la plus longue durée de fonctionnement de ce type au monde. ‘’Ce plasma a été maintenu à l’état d’équilibre, donc il a gardé un fonctionnement stable, pendant la période record de 1 066 secondes, c’est-à-dire environ 18 minutes. C’est un nouveau record du monde battu’’, mentionne le communiqué de l’agence consulté par Numerama.
En 2022, le même réacteur de fusion nucléaire a atteint 120 millions de degrés pendant très exactement 1 056 secondes, soit environ 17 minutes. Cette température était déjà supérieure à celle du soleil, évaluée à 15 millions de degrés.
Selon l'Académie chinoise des sciences (ASIPP), EAST est composée une section transversale non circulaire, des aimants entièrement supraconducteurs et des composants plasma (PFC) refroidis activement par eau, ce qui favorisera l'exploration des modes de fonctionnement avancés du plasma en régime permanent.
Depuis 2006, la Chine est l’un des géants mondiaux de la technologie, contributeurs du Programme de réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER). L’initiative vise la construction du plus grand réacteur à fusion nucléaire, ‘’une machine qui doit démontrer que la fusion — l'énergie du Soleil et des étoiles — peut être utilisée comme source d'énergie à grande échelle, non émettrice de CO2, pour produire de l'électricité’’. ‘’Avec ses 23 000 tonnes et près de 30 mètres de haut, ITER sera vraiment impressionnant. Ce réacteur nucléaire de fusion trônera au milieu d’un site de 180 hectares, aux côtés de bâtiments et de matériel auxiliaires’’, renseigne l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
L’Union européenne, la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée, la Russie, et les États-Unis collaborent dans le cadre de ce projet.
Verdict

En nous référant aux données collectées, le réacteur chinois surnommé "soleil de la Chine" n'est pas un astre qui peut transformer la nuit en jour. Il s’agit plutôt d’un réacteur réalisé par l'Institut de physique des plasmas de l'Académie chinoise des sciences (ASIPP) qui a pour fonction de confiner du plasma afin de produire de l’énergie à partir de la fusion nucléaire.
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