Une publication de l’internaute Bidossessi fidèle Katakenon sur Facebook prétend que la masturbation est nocive pour le cerveau. D’après les vérifications de Badona, aucun élément clinique et psychologique ne prouve cette assertion. 

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Capture de la publication fact-checkée

La masturbation a-t-elle réellement des effets nocifs sur le cerveau ? Le mardi 29 avril 2025, une page Facebook de 24 000 abonnés du nom ‘’Bidossessi fidèle Katakenon’’ avance : « 😿La masturbation tue le cerveau. Celui qui se masturbe 3 fois par jour peut oublier son propre nom dans 10 ans ». La publication a enregistré près de 200 mentions ‘’J’aime’’, plus de 30 commentaires et a été partagée par près de 30 internautes à la date du 1 juin 2025. 

 

La publication semble amusée des internautes dont Pierrick Dagbégnon qui écrit : ‘’C'est vrai, avant, je m'appelais Bidossessi Fidèle’’. Starlyn Sgb, un autre internaute ironise aussi : « Pas faux, j'arrive à peine à me rappeler le mien🤦🤨, 11 ans de carrière déjà. Je n'ai pas vu le temps passé wollah ». Quant à Nellø, il exprime son scepticisme avec son commentaire : « Mensonge ». 

À l’instar de Bidossessi fidèle Katakenon, d’autres internautes comme ici, ici, ici et ailleurs ont également relayé la même assertion, suscitant des craintes et des railleries. 

 

La masturbation, qu’est-ce que c'est ? 

Structure spécialisée dans la téléconsultation, Livi définit la masturbation comme un plaisir sexuel en solitaire qui « consiste à toucher son corps, généralement le pénis, le scrotum, le clitoris, la vulve, les seins et l’anus, pour atteindre l’orgasme ». Déconseillée par la religion (1, 2 et 3), elle met en jeu les organes génitaux ou le corps entier. « L’endroit, la façon et les objets utilisés pour la masturbation varient considérablement d’un individu à l’autre. Fantasmes, jouets, films, sons ou images peuvent servir à nous stimuler », détaille Livi. Le site web Health line voit « la masturbation est un moyen naturel et sûr d'explorer son corps, de ressentir du plaisir et de libérer la tension sexuelle accumulée ». Selon le média, des personnes de tous horizons, de tous genres et de toutes origines s’adonnent à la pratique. ‘’L’activité sexuelle, y compris la masturbation, est liée aux neurotransmetteurs dopamine et d'ocytocine dans le cerveau, qui participent à la régulation de l’humeur et à l’augmentation des sentiments de plaisir’’, détaille-t-il. 

 

La masturbation, un danger pour la mémoire ? 

Pour vérifier la publication selon laquelle la masturbation ‘’tue le cerveau’’, Badona a interrogé Auguste Issa Kora, psychosexologue béninois. Il ne trouve aucun inconvénient à la masturbation. Selon le spécialiste, le fait de se masturber « permet aux glandes d’éviter la prostate ». « Moi, j’ai pratiqué la masturbation pendant un certain temps, mon cerveau est encore intact, je réfléchis correctement. Je ne me rappelle mon nom et de mon prénom. Je l’avais fait pour éviter la prostate. Quand j'avais 45 ans, je suis allé faire mon test de prostate, je n’ai pas de prostate », témoigne-t-il tout en précisant que « l’abus en toute chose nuit ». Iyatolah Yayi, spécialiste des questions de droits sexuels à la santé sexuelle et reproductive (DSSR) et sexothérapeute, est formelle : « La masturbation ne peut pas conduire à la perte de cerveau ». 

 

Badona a également procédé à une recherche (lien archivé ici) sur le moteur de recherche Google avec les mots clés : ‘’masturbation, perte de mémoire’’. Les résultats nous conduisent à un article scientifique publié par Medical News Today, un site Web d'information médicale. La publication est signée du Docteur Janet Brito, sexologue, formatrice latino-américaine et fondatrice du Hawaii Center for Sexual and Relationship Health, un cabinet spécialisé dans la thérapie relationnelle et sexuelle, les comportements sexuels incontrôlés. La spécialiste apprend que l’Association américaine de psychologie « ne reconnaît pas la masturbation ni l'addiction sexuelle comme source de trouble de santé mentale ».

 

« La masturbation déclenche la libération d’hormones et de neurotransmetteurs liés aux émotions positives, aux sensations et aux réponses physiologiques. La masturbation est une pratique saine sans risque. Elle permet de mieux connaître ses goûts et ses aversions. Elle peut même améliorer certains aspects du bien-être, comme le bonheur, la détente, l'estime de soi et l'image corporelle », la sexologue Dr Janet Brito. 

 

Dans le magazine Passeport santé, Dr Catherine Solano, médecin, sexologue et andrologue française rejette l’idée selon laquelle la masturbation peut être nocive pour la santé mentale. ‘’La masturbation ne pose pas de problème particulier, ni pour la santé physique, ni pour la santé mentale’’, assure-t-elle. 

 

Dans un article publié le 4 mars 2024 par Magazine Santé, Sébastien Garnero, sexologue et psychologue, qualifie la masturbation de « médicament naturel » sans contre-indications. Il va encore plus loin en exposant les avantages cliniques de la pratique : « Non, se toucher ne rend pas sourd, aveugle ou stérile, mais il se peut en revanche que cela puisse remplacer les anxiolytiques, les antidouleurs ou les somnifères, renforcer les défenses immunitaires, favoriser l'épanouissement sexuel, etc. En effet, la masturbation stimule des hormones qui font du bien », vante le spécialiste. Sexothérapeute, Dr Alain Héril cité par Le Journal des femmes écrit dans son livre "Dans la tête des hommes’’, « qu’en se masturbant, un jeune homme apprend à contrôler son érection, à l'apprécier ». 

 

Attention à la masturbation compulsive ! 

Si la masturbation ne peut pas conduire à la perte de mémoire comme l’indique la publication de l’internaute Bidossessi fidèle katakenon sur Facebook, elle peut toutefois devenir un danger pour la santé si on n’y prend pas garde. « La masturbation compulsive peut représenter un problème. Mais elle est alors la conséquence d'un malaise, d'une dépression, d'un problème psychique. Ce n'est pas la masturbation par elle-même qui est un problème », explique le médecin Catherine Solano. Elle définit la masturbation compulsive comme ‘’une addition, quand on a mal, quand on ne pratique pas la masturbation ou quand le sujet pratique la masturbation 10 à 15 fois par jour’’. 

 

La clinique e-Santé définit la masturbation compulsive comme un besoin intense de se masturber, généralement plusieurs fois par jour (de 5 à 15 fois par jour) et ce peu importe la situation dans laquelle vous vous trouvez : au travail, chez des amis, au cinéma… ‘’Le point important de la masturbation compulsive n’est pas tant la fréquence des masturbations mais plutôt le ressenti : si vous vous masturbez par “besoin” et non par “envie” il s’agit d’une véritable dépendance. La masturbation compulsive est souvent le révélateur d’un mal beaucoup plus profond comme des angoisses, une dépression, un très grand stress…’’, détaille la clinique. 

 

Si vous pratiquez la masturbation, Livi, structure française spécialisée dans la téléconsultation recommande de faire recours à un médecin en cas de « douleurs dans ou autour de vos organes génitaux ; difficultés à avoir une érection ; difficultés à atteindre l’orgasme ; éjaculation précoce ou absence d’éjaculation ; manque de désir et d’excitation ».

 

En mars 2022, 80 % des hommes français âgés de 18 à 34 ans et 64 % des femmes françaises du même âge ont déclaré pratiquer et apprécier la masturbation, apprend une enquête de Statista, portail mondial de données et d'intelligence économique qui cite un sondage omnibus de France télévisions. 

 

Plusieurs études (1 et 2) ont révélé que l'activité sexuelle améliore la mémoire et le séquençage des nombres chez les personnes âgées de plus de 50 ans. Mieux, les fonctions cognitives en stimulant la circulation sanguine dans le cerveau, en libérant des hormones telles que la dopamine et la noradrénaline, et en favorisant le développement de nouvelles cellules nerveuses.

 

Verdict 

Contrairement à l'annonce sur Facebook, la masturbation ne peut conduire à une perte de mémoire. Selon les spécialistes français et béninois dont Catherine Solano, médecin, sexologue et andrologue, « la masturbation ne pose pas de problème particulier, ni pour la santé physique, ni pour la santé mentale ». Seule la masturbation compulsive peut être source de malaise, d'une dépression et d'un problème psychique. Aucune preuve scientifique n'atteste la rumeur selon laquelle la masturbation affecte le cerveau humain. 

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